Et ce qui fuit au temps fait résistance, Bruno Girveau

Joachim du Bellay, Les Antiquités de Rome, 1558.

Bruno Girveau est directeur du Palais des Beaux-Arts de Lille et du Musée de l’Hospice Comtesse

Après Valérie Belin en 2013, puis Carole Fékété en 2015, une troisième photographe, Hélène Marcoz, est invitée aujourd’hui à dialoguer avec les collections permanentes du Palais des Beaux-Arts de Lille. Plus

encore peut-être que les fois précédentes, l’artiste accueillie a pris son temps. Le temps de regarder, de regarder le temps, de le comprendre et de l’absorber dans les lieux et dans l’espace, produisant une œuvre douce, qui ne s’impose pas au premier coup d’œil, mais qui, mine de rien pourtant, confronte la photo- graphie et la peinture. Un duel aussi vieux que la photographie elle-même, que l’artiste résout d’une façon apaisée et profonde à la fois. Plutôt que de s’évertuer à saisir le mouvement par la démultiplication à la façon de ses prédécesseurs Muybridge ou Marrey, elle préfère l’unifier, donnant ainsi l’impression de résoudre à la fois l’équation du temps qui fuit et celle du mouvement impossible à fixer. Fleurs qui s’étiolent, fanions flottant au vent, lumières fulgurantes de la ville, vidéos troublant le cycle des saisons, visiteurs évanescents croisant le regard du portraituré et renvoyant à celui de la photographe, autant d’images subtiles essaimées à travers les riches collections de notre musée.

Cette exposition n’aurait pas vu le jour sans de multiples concours. Je voudrais remercier tout d’abord l’artiste pour son travail magnifique et sa générosité. Mais aussi les modèles qui ont accepté de poser pour elle pour mieux s’évanouir dans l’œuvre. Mais aussi Jean-Marie Dautel, responsable de la photographie au musée, photographe lui-même, pour son commissariat sensible et respectueux à la fois. Mais aussi les équipes du musée pour leur engagement, renouvelé à chaque nouveau projet. Enfin, toute notre gratitude va à la Région Hauts-de-France pour son soutien, qui a permis l’existence de cette publication grâce à la bourse octroyée à l’artiste.

Bruno Girveau, 2020

©adagp-Hélène Marcoz